
Intégrer l'IA dans l'enseignement supérieur : un virage stratégique essentiel pour les universités
L’université est une institution en constante évolution. Au travers des recherches qui y sont menées et des étudiants qui y sont formés, elle a un fort impact sur le monde qui l’entoure mais est aussi, à l’inverse, touchée par les évolutions de la société. Depuis 2022, et la mise à disposition d’outils fonctionnant en lien avec l’intelligence artificielle (IA) tels que ChatGPT, Le Chat ou encore Gemini, auprès du grand public, a complètement révolutionné les pratiques des usagers de l’université. Les enseignants-chercheurs et personnels de l’université ont dû s’adapter et répondre à ces nouveaux défis.
À Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Éléonore Mavraki, professeure agrégée au sein du pôle des usages numériques (PUN) et Benoît Roques, directeur adjoint de la direction du Système d'information et des usages numériques (DSIUN) et Jean-François Caulier, maître de conférences en sciences économiques et ancien vice-président délégué à la Stratégie et Innovations numériques, travaillent, comme d’autres au sein de l’établissement, depuis plusieurs années sur ces sujets.
Intelligence artificielle et pédagogie : une réflexion à l’aube de nouvelles pratiques
Après l’arrivée massive de ces nouveaux outils, étudiantes et étudiantes s’en sont rapidement saisi pour réaliser et mettre en page leurs travaux académiques mais aussi pour leurs recherches bibliographiques. Ces évolutions dans les usages ont rapidement eu un impact sur les travaux rendus par les étudiants, les méthodes employées et la fiabilité des informations ou des sources employées. Pour s’assurer que chacune et chacun puisse aiguiser son savoir-faire et son esprit critique, les enseignants se sont mobilisés pour revoir leurs méthodes de travail et d’évaluation. Ainsi, des groupes de réflexion ont été créé par plusieurs enseignants pour échanger sur l’arrivée de ces outils et leurs impacts immédiats.
Après plusieurs sessions de discussion et au regard de l’évolution de la place de l’intelligence artificielle générative dans l’enseignement supérieur et la recherche, il est devenu essentiel de formaliser ces démarches de sensibilisation avec la mise en place de nouvelles procédures d’évaluation. Un appel à manifestation d’intérêt (AMI) mêlant IA et pédagogie a été lancé en février 2024. L'objectif de ce dernier est de promouvoir et de soutenir des initiatives alignées avec l'un des objectifs stratégiques de l'université, à savoir l'accompagnement et l'encouragement du développement des outils numériques pour la pédagogie. Depuis, de nombreux projets ont été menés à Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour répondre à ces nouveaux défis.
S’adapter à l’ère de l’IA
Une page web dédiée à l’utilisation de l’IA dans l’enseignement supérieur a été créé comprenant une foire aux questions (FAQ) détaillée pour les étudiants et les enseignants. Reprise par plusieurs établissements universitaire, cette FAQ a été conçue afin d’accompagner au mieux les membres de l’institution face à cette révolution numérique.
L’année universitaire 2024-2025 a par ailleurs débuté avec une conférence sur l’IA et l’enseignement supérieur. Organisée dans le prolongement des travaux du groupe de travail constitué dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt « Intelligence artificielle & pédagogie » par Jean-François Caulier et le service des Usages numériques (SUN), cette conférence visait à aborder l’impact grandissant de l’intelligence artificielle sur la pédagogie mais aussi la recherche au sein des universités. Enseignants et enseignants-chercheurs se sont retrouvés – en présentiel et en ligne – le temps d’un après-midi afin de discuter des IA génératives dans l’enseignement supérieur et particulièrement dans les usages des étudiants.
Depuis le mois de septembre 2024, de nombreux autres projets ont continué à être développés pour adapter le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche aux évolutions de la société. Le SUN propose des formations de trois heures aux enseignants et aux accompagnants pédagogiques. Ces sessions de sensibilisation se découpent en trois temps avec trois intervenants : Jean-François Caulier qui donne des indications pratiques sur l’utilisation de l’IA pour certains aspects du cours, une présentation du dispositif de ChatBot mis en place par William Perez et une présentation globale de ce qu’est l’IA par Éléonore Mavraki.
Par ailleurs, un espace pédagogique interactif (EPI) a été créé afin de permettre à chacune et chacun d’avoir accès à un certain nombre de ressources d’autoformation. Certaines d’entre elles sont propres à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et d’autres qui viennent d’autres université. Ces formations ont vocation à sensibiliser les enseignants aux nouveaux enjeux engendrés par l’arrivée massive des nouveaux outils de l’IA dans l’enseignement supérieur. « L’objectif est de leur permettre de comprendre quelles sont les possibilités de l’IA pour qu’ils comprennent également ce que peuvent faire leurs étudiants avec pour que eux même forme les étudiants à un usage raisonné et efficace de l’intelligence artificielle mais également pour qu’ils puissent intégrer l’IA ou fonctionner différemment s’ils le souhaitent », explique Éléonore Mavraki. Le développement de ces ressources de formation (ateliers, modules en ligne...) s'opère en collaboration avec l’École interne des compétences.
Toujours en lien avec Jean-François Caulier, Éléonore Mavraki, Benoît Roques et les équipes du PUN poursuivent ce travail d’adaptation des procédures et des outils de l’université aux changements liés à l’IA. Soutenu par la Direction générale de la recherche et de l'innovation (Dgri), la fédération ILaaS (Inference LLM as a service) dont l’université est membre fondateur, constitue une première approche visant à doter les universités partenaires d’outils d’IA « maitrisés », respectant les réglementations en vigueur en termes d’éthique et de protection des données. Rassemblant cinq établissements pour sa première phase : les université de Lille, Reims Champagne Ardennes, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Rennes et CentraleSupélec Paris-Saclay, ce projet vise à mutualiser les usages autour des IA génératives, à éviter la sous-utilisation des infrastructures numériques et à répondre aux enjeux de sobriété numérique et de souveraineté. Jean-François Caulier, David Chopard-Lallier (directeur de la DSIUN), Frédéric Chevreau (DSIUN-SIS) et Joachim Dornbusch (Direval) représentent l’université au comité de pilotage et aux groupes projet et technique.
Face aux évolutions des outils et du numérique ces dernières années, plusieurs acteurs de l’université sont mobilisés pour échanger sur l’évolution des pratiques et l’impact de ces dernières dans les usages. Discussions, formations, outils numériques et bien d’autres projets ont été et seront lancés à Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour continuer de faire de cette institution, une université toujours dans le vent.