L'histoire des UFR, écoles et départements

L’École d’Histoire de la Sorbonne (EHS - UFR 09)

L’École d’Histoire de la Sorbonne (EHS), issue de l’UER d’Histoire dirigée en 1969-1970 par la byzantiniste Hélène Ahrweiler, l’une des fondatrices de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est aujourd’hui la deuxième Unité de Formation et de Recherche de l’université avec près de 5000 étudiants, 180 enseignants-chercheurs et près de 40 BIATSS. La puissance de son attractivité réside certes dans son héritage, multiséculaire, et dans sa localisation, en Sorbonne, mais aussi dans la volonté fondamentale de lier la formation et la recherche. L’adossement des enseignements aux perspectives nouvelles ouvertes au sein des laboratoires et des équipes de recherche est un principe vivant favorisé par le contact avec d’autres institutions d’enseignement et de recherche de la région parisienne. L’affirmation de l’unité de l’Histoire comme discipline s’accompagne d’une ouverture absolue vers les autres sciences pratiquées dans une université pluridisciplinaire.

Cette dynamique s’exprime par la présence de l’EHS dans des espaces nouveaux, ainsi l’Institut National d’Histoire de l’Art pour les antiquisants, la rue du Four pour les modernistes, la rue Malher pour les spécialistes de l’histoire des sciences et des techniques, ou tout récemment le Campus Condorcet - Aubervilliers. L’implantation sur plusieurs sites a désormais pour nouvel horizon l’arrivée en septembre 2025 sur le campus Condorcet - La Chapelle essentiellement d’étudiants de licence 1 et licence 2.

Le contenu des enseignements est aussi en constante évolution. Il s’agit d’ajouter aux études historiques traditionnelles de nouveaux champs, où les chercheurs et enseignants-chercheurs de l’EHS sont souvent des pionniers aux niveaux national et international, tant sur le plan thématique (genre, guerre et paix, histoire culturelle, humanités numériques, laïcité, sensibilités, transferts culturels…) que pour les grandes sphères aréales (Afrique, Asie, Amériques, Europe, Moyen-Orient…).

L’EHS possède une licence générale (dont le parcours Hébreu classique et études juives avec l’université Sorbonne Nouvelle), sept double-licences (droit, économie, études germaniques avec l’université Sorbonne Nouvelle, géographie, histoire de l’art et archéologie, philosophie et science politique), cinq mentions de master (Histoire ; Relations internationales ; Patrimoine et musées ; Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation ; Techniques, patrimoine, territoires de l’industrie) qui totalisent une vingtaine de parcours. Les uns sont des parcours recherche, d’autres des parcours professionnels, mais tous sont professionnalisants, en formation initiale ou en apprentissage. Le master Techniques, patrimoine, territoires de l’industrie (TPTI) est une formation d’excellence soutenue par l’Union Européenne dans le cadre du programme Erasmus Mundus qui associe plusieurs universités en Europe et au-delà. La richesse des enseignements se prolonge par une École doctorale (ED 113), où sont soutenu le plus grand nombre de thèses d’histoire en France. La préparation de l’EHS aux concours de recrutement de l’Éducation nationale (Agrégation/CAPES) est reconnue nationalement pour les brillants résultats de ses étudiants. Les diplômes d’université (DU), Diplôme universitaire d’études juives (DUEJ) et « Connaissance de la laïcité », complètent l’offre de formation.

Depuis 50 années, la forte présence médiatique de certains historiens exprime le rayonnement de la recherche et une forte tradition de l’insertion des enseignants-chercheurs dans la cité. Le romaniste Claude Nicolet a réfléchi au concept et à la pratique de la république et de la démocratie en France à partir de l’expérience de la Rome antique ; l’helléniste Henri van Effenterre, spécialiste de la Crète archaïque, s’intéressait aussi à la formation contemporaine des enfants et adolescents à travers l’histoire du scoutisme moderne. Les médiévistes Claude Gauvard et Michel Kaplan s’investissent encore nationalement dans la défense et la promotion de l’Histoire comme discipline. Hélène Ahrweiler, première femme présidente de l’université, a continué à servir le monde de la culture comme présidente du Centre Georges Pompidou. Albert Soboul, Maurice Agulhon et Michel Vovelle ont participé activement aux débats publics lors de la célébration du Bicentenaire de la Révolution française. Le dix-neuvièmiste Dominique Kalifa, qui travaillait sur la société française du Second Empire et du Paris de la Belle Époque, a écrit régulièrement dans un grand quotidien du matin. André Kaspi éclaire les spectateurs et les auditeurs de radio et de télévision sur son domaine de recherche, les États-Unis et Alain Corbin fait connaître à un très large public ses travaux sur les sensibilités. L’expertise de Jacques Marseille était sollicitée pour les questions économiques. Antoine Prost, spécialiste de la Première Guerre mondiale et de l’histoire de l’enseignement, a joué un rôle de conseil important dans les cercles gouvernementaux, et Myriam Tsikounas, tournée vers le cinéma et l’audiovisuel, a apporté également son concours au Commissariat au Plan. Les collègues distingués par une élection au Collège de France ou dans l’une des cinq académies de l’Institut, ont conservé des liens solides avec l’EHS. Philippe Boutry et Christophe Charle s’investissent avec talent dans l’histoire de l’université et permettent de mettre en valeur son rôle éducatif, intellectuel et social.

Bernard Legras, professeur d’histoire grecque et directeur de l’École d’Histoire de la Sorbonne

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L’École de Droit de la Sorbonne (EDS)

Cette brève liste, nécessairement très subjective et qui pourrait être très considérablement allongée, vise à mettre en lumière quelques collègues, à la fois exceptionnels et représentatifs par l’extraordinaire reconnaissance dont ils ont bénéficié bien au-delà des cercles académiques. Ils témoignent de l’activité de savants et d’enseignants qui ont également, et souvent sur la base de leurs travaux académiques, eut un rôle institutionnel important, tant dans la structuration de notre université, particulièrement à ses débuts, que dans de nombreuses fonctions nationales et internationales.

Claude-Albert Colliard (1913-1990) « était entré en université comme on entre en religion » écrit l’un de ses biographes. Administrativiste s’étant orienté vers le droit international et les libertés publiques, disciplines dont il a été un ardent promoteur, profondément marqué par cinq ans de captivité, jeune doyen de la faculté de droit de Dijon, puis assesseur du doyen de la faculté de droit de Paris à la fin des années 1960, il a joué un rôle majeur lors de la constitution des UER juridique de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Comme praticien, il est intervenu dans de nombreux contentieux internationaux et comme enseignant à l’Académie de droit international de La Haye, et il a représenté la France à la Commission des droits de l’homme de l’ONU. Ses travaux de recherche l’ont donc logiquement porté à accompagner l’institutionnalisation de la société internationale, avec une sensibilité particulière pour les questions économiques. Son fils Jean-Claude Colliard (1946-2014), constitutionnaliste et politiste, a présidé l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (2009-2012).

Mireille Delmas-Marty (1941-2022), professeur de droit pénal à Lille, Paris XI et Paris 1 Panthéon-Sorbonne, a poursuivi sa carrière au Collège de France et à l’Académie des Sciences Morales et Politiques. Elle a particulièrement marqué l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne pendant ses « années UMR », à la tête de l’UMR de droit comparé de Paris (aujourd’hui devenu l’ISJPS). Ayant participé à un grand nombre d’instances et d’organes consultatifs, en particulier en droit pénal international, elle portait une attention particulière à la défense des droits individuels, en particulier face à la montée des obsessions sécuritaires. Elle s’intéressait particulièrement aux objets juridiques alors en construction, depuis sa thèse sur le droit pénal des affaires, et aux dynamiques juridiques, particulièrement sous l’influence de la mondialisation. Beaucoup de ses formules et de ses concepts ont été appropriés par le langage juridique commun : flou du droit, forces imaginantes du droit, pluralisme ordonné…

Charles Eisenmann (1903-1980), professeur de droit constitutionnel et spécialiste de droit allemand et autrichien, en poste à Caen, Strasbourg, Paris et Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est d’abord connu pour avoir été le passeur par lequel la pensée du grand théoricien positiviste Hans Kelsen a été connue en France, en particulier par sa traduction en 1962 de la seconde édition de la Théorie pure du droit. Théoricien du droit important, mais moins systématique que Kelsen, il fait preuve d’une notable ouverture à la sociologie ou l’histoire. Son intérêt précoce pour la justice constitutionnelle, depuis sa thèse consacrée à l'Autriche (1928), se manifeste particulièrement quand elle se développe en France, après 1971, dans des commentaires, critiques le cas échéant. Dans un article fameux de 1972, il s’est attaché à nuancer « les bases constitutionnelles du droit administratif », dans une perspective classique où prime la notion de service public.

François Luchaire (1919-2009), professeur de droit constitutionnel, a été en poste à Nancy puis à Paris. Il est le juriste du triumvirat fondateur de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, dont il a été le premier président de 1970 à 1976. En parallèle de son activité scientifique et de ses prolongements pratiques, il a exercé de nombreuses fonctions dans des organismes publics ou des cabinets ministériels, étant en particulier conseiller constitutionnel de 1965 à 1974 alors qu’il avait participé à la rédaction de la constitution de 1958 (avec des vues prémonitoires sur l’élection du président de la République au suffrage universel ou l’élargissement du referendum), juge à la cour internationale de justice, conseiller d’Etat etc. Co-fondateur du Mouvement des Radicaux de Gauche, soutien de François Mitterrand, proche de Robert Badinter, il fut avant tout un Républicain au service de la République, selon le titre de l’hommage qui lui fut rendu.

Gérard Lyon-Caen (1919-2004), professeur de droit social, appartient à une famille qui a donné plusieurs illustres juristes, dont son père, premier président de la Cour de cassation. Dans les années d’après-guerre, alors que le droit social était profondément transformé et développé par la création de la Sécurité sociale, ses travaux ont eu un rôle matriciel dans la constitution de la discipline, puis l’écriture de sa jeune histoire. Ayant participé à la guerre (qui lui a enlevé ses trois frères), il propose une analyse marxiste du droit (il crée même une éphémère Revue progressiste de droit français), avant d’être exclu du Parti communiste en 1956. Il a été un des premiers à dénoncer la montée de la précarité, à l’issue des Trente glorieuses. Esprit éclectique, on lui doit aussi un traité de droit du cinéma.

André Tunc (1917-1999), spécialiste de droit de la responsabilité civile, a également eu une importante activité dans des institutions internationales ou au service des droits des pays décolonisés. La dimension humaine perce toujours sous la dimension juridique dans ses travaux, quand il s’intéresse aux victimes d’accidents, aux actionnaires lésés par des abus de pouvoir dans les sociétés anonymes, aux consommateurs, aux justiciables… Son ouverture d’esprit s’est traduite dans son œuvre par la part considérable faite au comparatisme juridique, particulièrement tourné vers les systèmes de common law. Outre la création d’enseignements, il a également développé un discours très iconoclaste sur l’activité des facultés de droit, dans un article retentissant, « Sortir du Néolithique » (1957). Son nom a été donné à l'Institut de Recherches Juridiques de la Sorbonne.

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L’École des Arts de la Sorbonne (EAS - UFR 04)

L’école des arts de la Sorbonne anciennement UER Arts plastiques et sciences de l'art a été pionnière dans le renouvellement de l'enseignement des arts en France tant à l’Éducation nationale que dans les institutions d'enseignement, comme les beaux-arts, qui dépendent du ministère de la Culture. Dès sa création, en 1969, cette UER est apparue comme tout à fait singulière par son caractère de laboratoire pédagogique qui a conduit vers de nouveaux domaines de recherche, tant en art qu’en esthétique : c’est le dialogue entre les deux qui fonde la spécificité de l’Ecole des Arts de la Sorbonne.

Elle a proposé une alternative aux modèles imprégnés d’académisme de l'école des Beaux-arts et contribué au décloisonnement des enseignements en promouvant une formation en art qui articule réflexion argumentée et pratique en atelier et met en interaction les arts plastiques, la musique, le cinéma, la danse. Tout comme l’art, qui se pense par son décloisonnement disciplinaire, l’esthétique tient une place particulière car elle eut pour principe de penser l'art à partir des œuvres et des pratiques effectives. Le philosophe visite l'atelier d'artiste. Étienne Souriau, fondateur de l'Institut d'Esthétique et des Sciences de l'Art, pensait bien en termes de « science de l'art », branche de la philosophie comparatiste distinguée de l'histoire de l'art ou de la critique d'art. Toutefois l'esthétique pensée au Centre Saint Charles ne se réduit pas aux rapports entre art et savoir, art et pouvoir, art et vérité, art et imitation, beauté naturelle et beauté artificielle, normes du goût et relativité culturelle, etc. Dans une perspective d'inspiration hégélienne, qui fut représentée par Bernard Teyssèdre, elle concilie l'art comme conscience pensante, et même comme pratique réflexive et la théorie comme objectivation de son autre, ce qui se concrétisa par un enseignement de poïétique incarné par René Passeron.

D'où la volonté de ne pas réduire les pratiques d'art à une uniformisation, mais bien de suivre tous les champs des créations actuelles et novatrices.

D’illustres plasticiens ont enseigné à l’EAS : Pierre Baqué, Bernard Lassus, à la fondation de l’UER, puis Lygia Clark, Jean-Michel Palmier, Michel Journiac, Anne-Marie Duguet et des théoriciens tels que Dominique Chateau, Florence De Meredieu, Xavière Gauthier, Paul Virilio, Louis Marin, Jean-François Lyotard, Jean-Louis Scheffer…

L’Ecole des Arts a aussi inauguré un domaine de recherche nouveau « où la création est prise en compte au même titre que la réflexion sur la création », pour reprendre les termes de Pierre Baqué, en 1970, dans son article « Lumières pour une thèse ». Cela a contribué à la création d'un nouveau type de recherches doctorales en création recherche dont l’Ecole des Arts et la pionnière en France.

Dès la fondation, le cinéma expérimental et la vidéo ont aussi été partie prenante de l’enseignement et de la recherche (sous l'égide de Dominique Noguez et Anne-Marie Duguet). Ces deux secteurs se sont développés soit au sein des arts plastiques, soit en prenant leur autonomie comme le cinéma qui, du même coup, s’est étendu et diversifié (cinéma hollywoodien aussi bien que d’auteur), le cinéma expérimental perdurant du côté arts plastiques. Il avait servi de support à l’instauration d’un enseignement pratique et technique (d’abord en super 8) qui s’est également prolongé et diversifié, impliquant le développement de la pratique créatrice avec le support numérique et l’émergence d’un pôle professionnel (réalisation, production et post-production).

Ces méthodes d’enseignement alors nouvelles où expérience pratique et réflexion critique se joignent ; intègrent le point de vue analytique des sciences humaines – esthétique sociologie, sémiologie, psychanalyse.

Inscrite dans le temps présent, la théorie et la pratique de l'art « saint-charlienne » visent à relier les arts à toutes leurs conditions de production, de diffusion, de réception. D'où l'ouverture de l'esthétique aux études culturelles, carrefour des diverses sciences humaines alliant sémiotique et médiation culturelle, anthropologie de l'art et théorie critique des normes culturelles et l’ouverture de deux mentions plus récentes avec les masters Design et Métiers des Arts et de la Culture.

Texte rédigé à partir des contributions de Christophe Genin, José Moure et Jean da Silva que nous remercions.

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L’Unité de formation et de recherche de Géographie (UFR 08)

L’Unité de formation et de recherche (UFR) de Géographie Paris 1 Panthéon-Sorbonne est la plus importante de France. Alors que pour bien des universités, il est aisé de donner une étiquette à la géographie, Paris 1 Panthéon-Sorbonne est dans la capacité de présenter une carte quasi complète des différentes sous disciplines de la géographie. Cette caractéristique a permis à des novateurs de s’y épanouir et d’y créer de grands courants d’enseignement dont les six incontournables de ce département sont mis en lumière dans le texte ci-dessous.

Au cours des 50 dernières années, la géographie physique en France a évolué grâce à des avancées méthodologiques et théoriques. Jusqu’aux années 70, les chercheurs s'intéressaient surtout aux rapports entre géologie et relief (géomorphologie structurale), avant de progressivement intégrer des connaissances en climatologie et biogéographie. Les années 80 voient l’émergence de la géomorphologie dynamique, qui traite des processus d'évolution des paysages sous l’effet du climat. Les outils numériques, la télédétection et les SIG ont révolutionné la recherche dans les années 90 et 2000, avec en parallèle une prise en compte croissante des interactions entre environnement et société (section 31 du CoNRS). Depuis les années 2010, les géographes physiciens mettent l’accent sur les impacts du changement climatique, conduisant à une attention accrue sur les stratégies d'adaptation. La collaboration interdisciplinaire (par exemple en géoarchéologie) et l'implication dans les politiques publiques ont progressivement renforcé leur rôle dans la gestion des risques, la préservation de l'environnement et l’aménagement du territoire.

Reçu au concours de l'agrégation à l'âge de 21 ans, le professeur Alain Godard a enseigné à Paris 1 Panthéon-Sorbonne de 1972 et 1997. Il a joué un rôle moteur pour toute l’équipe de géographie physique, en participant à la création du DEA fédéral de géographie physique et en assurant la codirection puis la direction du Laboratoire de géographie physique (URA 141 devenu UMR 8591) pour lequel il organisé l’installation dans les locaux de Meudon-Bellevue. Il dirigé de nombreux mémoires de maitrises, DEA et thèses portant sur ses thèmes de recherche : les socles cristallins, les domaines froids, les bilans d’érosion et les rythmes d’évolution.

La géographie de l’environnement regroupe deux parcours de licence, licences 3 Environnement et licence 3 Professionnelle (Métiers de la Protection et de la Gestion de l’Environnement), ainsi qu'un parcours de master (Master 1 Risques et Environnement). Le master ouvre sur quatre spécialités de master 2 couvrant les champs de la gestion des risques (GGRC), de la gestion de la biodiversité (BIOTERRE), du développement durable (DDMEG) et des sciences de l’information géographique appliquées à l’environnement (TGAE). Cette filière se caractérise par son orientation professionnalisante en accordant une place importante aux ateliers et aux stages en entreprises, associations, ONG et institutions publiques. Une partie des diplômes de cette filière fonctionne en alternance. Elle se distingue aussi par la place accordée à la pluridisciplinarité : codirection de parcours (Droit, Économie, Gestion) et enseignements partagés (ENSG, ENSP, Muséum national d’Histoire naturelle, AgroParisTech). Elle est également attachée aux liens qui existent entre enseignement et recherche fondamentale et appliquée, via l'implication des trois unités mixtes de recherche (UMR LADYSS, LGP et PRODIG). Les classements et résultats d'évaluations des formations ainsi que les indicateurs d'insertion dans le monde du travail témoignent du dynamisme d’une filière qui répond à une demande sociale en plein essor.

Pierre Pech est professeur émérite de géographie à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a également été chargé de cours dans d'autres écoles et institutions, notamment à l'École nationale des ponts et chaussées, à l'École nationale du génie rural des eaux et forêts et à l'Institut des sciences de l'environnement de Genève. Il a enseigné des sujets tels que la géographie environnementale, l'ingénierie écologique et l'écologie territoriale. Pierre Pech a mené de nombreux travaux sur les milieux de montagne et de haute montagne, notamment sur les questions de processus périglaciaires. Il s'est aussi intéressé à l'évolution des paysages et aux relations entre les sociétés et leur environnement, à l'analyse des impacts environnementaux des aménagements et l'innovation en matière de gestion des milieux naturels. Il est également membre de plusieurs conseils scientifiques, tels que l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques et le Parc naturel régional du Queyras.

Le département de géographie de l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne a joué un rôle important dans l’enseignement en urbanisme et aménagement en France. Au cours de la période des années 1970-80, ce fut par la promotion de liens avec l’aménagement de la part de géographes favorables à une discipline engagée dans la cité, en association avec les événements de 1968 ou soucieux de nouveaux débouchés pour les étudiants. Sont dès lors établis des liens entre institutions et professionnels de l’aménagement et formations, alors essentiellement doctorales. L’arrivée dans la section aménagement de l’UFR 08 de professeurs issus d’autres disciplines que la géographie n’a pas modifié la place accordée aux liens avec le monde professionnel mais a conduit à l’introduction de davantage de pluridisciplinarité et à une spécialisation davantage marquée en aménagement et urbanisme, à la fois dans les thèmes de recherche engagés et la formation en second et troisième cycles. Cet héritage explique le maintien dans la formation en urbanisme et aménagement à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne d’un équilibre entre l’acquisition des pratiques professionnelles et la réflexion sur les connaissances fondamentales et d’une ouverture à des champs disciplinaires divers, même si la participation de géographes demeure une caractéristique.

Pierre Merlin a réalisé une thèse de doctorat d’État de géographie sur le sujet des transports parisiens après une formation à l’École Polytechnique et concomitamment à une expérience dans le corps des ingénieurs-géographes. Il a été détaché à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région parisienne, où il a œuvré au plan de transport du schéma régional de 1965, et notamment au futur RER. Très impliqué, à travers différentes institutions, dans le développement d’une formation à l’urbanisme en France, il a fondé après les événements de 1968, le département d’urbanisme du centre universitaire expérimental de Vincennes (université qu’il a par ailleurs présidé de 1976 à 1980), transformé en Institut d’urbanisme de l’Académie de Paris en 1976, rebaptisé en 1984 Institut français d’urbanisme. Il préside à partir de 1985 l’Association pour la qualité de la science française et obtient la création de diplômes de magistère, dont celui d’aménagement et de l’urbanisme de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, inauguré en 1986. 

L’UFR de Géographie a dédié une de ses spécialités de master à la géopolitique il y a vingt ans. La formation était en partenariat avec la rue d’Ulm, tout en ayant une orientation professionnalisante affirmée. L’apport de partenaires institutionnels ou industriels de la géopolitique était essentiel, tant pour préparer l’insertion professionnelle des étudiants que pour contribuer aux activités de recherche universitaires. Créé initialement sous forme d’un DESS, la formation deviendra un master et se dotera d’un parcours « Recherche » à côté des parcours « Professionnel » et « Alternance ». Outre la dimension militaire et stratégique ; la formation s’est ouverte aux autres acteurs de la géopolitique contemporaine (entreprises, ONG), aux approches géoéconomiques, et a fait de l’information géographique sa valeur ajoutée dans ce champ de la géopolitique. Plusieurs courants de la géographie développés par ailleurs dans l’UFR y ont contribué, notamment à travers la géopolitique du développement animée par des enseignants et des chercheurs de l’UMR Prodig. Et au-delà de la géographie, des collègues de Paris 1 Panthéon-Sorbonne en science politique d’abord puis en droit, ont fait partie de l’équipe enseignante. La géopolitique dans l’UFR est actuellement face à deux enjeux : 1/ au sein de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, améliorer la coordination avec les autres formations et équipes scientifiques dédiées aux questions de la guerre et de la paix ; 2/ au sein de l’UFR, développer l’expertise en matière d’information géographique en direction du Geospatial intelligence (GeoInt), des outils de recherche en source ouverte (OSINT), et des applications de l’intelligence artificielle aux systèmes d’information géographique.

En 1978, Jacques Soppelsa est nommé professeur à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, université qu'il présidera entre 1982 et 1989. Dans les années 1990, il mène une carrière de diplomate aux États-Unis puis en Amérique latine. Spécialiste à la fois académique et professionnel de géopolitique, il crée le master Géopolitique en 2002, avec l’appui de Pierre Beckouche et Georges Prévélakis à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et de Franck Debié à l’École Normale Supérieure.

La géographie du développement est un des pôles importants de la géographie à Paris 1 Panthéon-Sorbonne avec des enseignements obligatoires (licences 2 et 3), un approfondissement consacré à l’Afrique subsaharienne et à la Chine (licence 3) et un parcours de master (DynPED, Dynamiques des pays émergents et en développement) avec deux partenaires académiques (AgroParisTech et Université Paris Cité). Le master est adossé à l’UMR PRODIG (Pôle de recherche pour l’organisation et la diffusion de l’information géographique), dont les recherches s’intéressent aux relations entre développement et environnement dans les pays des Suds à partir d’une approche territoriale.

La géographie du développement est marquée par des permanences : la primauté du terrain et des approches empiriques, la cohabitation entre thématiques environnementales et intérêt pour les enjeux politiques, et la collaboration avec des institutions de recherche publiques spécialisées sur le développement comme l'IRD et le Cirad. Elle est marquée par un élargissement graduel des horizons géographiques (de l’Afrique à l’Amérique latine puis à l’Asie), des objets et des thématiques (de la géographie rurale à l’étude des métropoles) et des méthodes, enrichies par les approches critiques en sciences sociales.

Professeur à la Sorbonne en 1967, Gilles Sautter (1920-1998) a ouvert à Paris 1 Panthéon-Sorbonne le champ des études sur le développement, à partir du courant de la géographie africaniste dont il fut un des chefs de file. Avec Paul Pélissier, de Nanterre, il coordonne durant la décennie 1970 la série des Atlas des structures agraires au sud du Sahara, tout en s'intéressant à des thématiques et des objets variés, et en promouvant l'interdisciplinarité. Il reçoit la médaille d'argent du CNRS en 1988.

Depuis la fin des années 70, les enseignants-chercheurs de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ont largement investi le domaine de l’analyse spatiale et des méthodes de géographie quantitative tant du côté technique que du côté thématique. Bénéficiant des apports conceptuels et techniques du monde numérique et des sciences dites dures, l’analyse spatiale a très largement concouru à la mobilisation et au développement de concepts et outils applicables à tous les champs de la géographie (cartographie numérique, analyse des données, modélisation, etc.).

Professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Denise Pumain figure parmi les pionniers français de l’analyse spatiale et de la géographie quantitative. Dès les années 70, à l’instar de ce qui se passe aux États-Unis ou au Canada depuis une vingtaine d’année, elle investit ce champ d’étude et met en place à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne le premier cours d’analyse spatiale en géographie. Spécialiste de la modélisation spatiale et des dynamiques territoriales, elle fonde en 1984, avec Thérèse Saint-Julien et Violette Rey, l’équipe PARIS.

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École d'histoire de l'art et d'archéologie de la Sorbonne (EHAAS - UFR03)

Les grands courants d’enseignement de l’EHAAS

L’École d’Histoire de l’art et d’Archéologie de la Sorbonne (EHAAS – UFR 03) est l’une des rares UFR de France à être consacrée entièrement et de manière conjointe à l’histoire de l’art et à l’archéologie, alors que ces disciplines sont souvent rattachées aux sciences humaines ou aux lettres au sein d’UFR multidisciplinaires, quand elles ne sont pas séparées l’une de l’autre. Cette réunion tient à l’histoire de ces disciplines au sein de l’Université de Paris depuis leur installation en Sorbonne dans le dernier quart du XIXe siècle. Rappelons aussi que l’UER Art et Archéologie de l’Université Paris I créée en 1971 résulte de l’union d’enseignants en archéologie classique et en histoire de l’art contemporain, tandis que les périodes médiévales et modernes n’étaient alors guère représentées qu’à Paris IV Sorbonne. Cette association originale explique aussi la grande fécondité des cursus qui ont vu le jour au sein de l’UFR 03. Outre ces deux disciplines dont le dynamisme n’a cessé de s’affirmer au cours des 50 ans écoulés – en matière d’archéologie par exemple, Paris 1 Panthéon-Sorbonne fait partie des vingt formations les plus renommées au niveau mondial selon le classement QS world ranking –, l’EHASS a donné naissance à quelques formations parmi les plus originales et novatrices qui soient.

Dès sa création, le département s’ouvre largement aux études cinématographiques et offrit longtemps le seul diplôme national dans ce domaine. Le cursus fait notamment une place jusqu’au début des années 1990 au metteur en scène Éric Rohmer. Il s’éloigne toutefois progressivement des enseignements proposés par l’UFR d’Arts plastiques, qui se concentrent sur l’esthétique et la théorie du cinéma, pour privilégier l’histoire du cinéma et des institutions audiovisuelles.

Alors que l’archéologie des périodes historiques maintient sa proximité avec l’histoire, l’orientation précoce de la discipline archéologique à Paris 1 Panthéon-Sorbonne vers les méthodes et les sciences « dures » (paléobotanique, géophysique, archéozoologie, sédimentologie et pédologie) mène à la création en 1990 du DEA « Environnement et archéologie », reflétant la prise en compte des interactions entre l’homme et son milieu, mais aussi l’intérêt précoces de nos enseignants pour les problèmes environnementaux. Cette tradition culmine aujourd’hui avec la fondation de l’École universitaire de recherche (EUR) Archaeological Challenges (ArChal), lauréate du PIA en 2019, qui vise à développer des projets d’enseignement et de recherche originaux sur des thématiques liées aux défis globaux actuels.

De manière tout aussi très transversale, une maîtrise de sciences et techniques « Conservation et restauration des œuvres d’art et des objets et sites archéologiques et ethnologiques » – renommée plus tard « Conservation-restauration des biens culturels » – ouvre à la rentrée 1975. Il s’agissait alors de la première filière française de formation universitaire à ces professions et la seule à intégrer ces études dans un cursus universitaire sanctionné par un diplôme national. C’est toujours le cas aujourd’hui.

Enfin, dans le prolongement des enseignements de muséologie dispensé par Georges Henri Rivière, fondateur et directeur du Musée national des arts et traditions populaires, une formation spécifique se développe au début des années 2000, qui s’inscrit alors dans le développement des recherches sur les institutions et les arts, l’histoire des politiques culturelles et, plus spécifiquement, l’histoire des musées et du patrimoine, sans omettre l’histoire de l’archéologie. Celle-ci aboutira à la création du master « Patrimoine et musées » en 2016, qui vise à donner aux étudiants une approche d’ensemble du domaine des musées, du patrimoine et des arts et qui fait le lien aujourd’hui avec la thématique du Cultural Heritage au sein de notre alliance européenne Una Europa.

Les grandes figures de l’EHAAS

L’École d’histoire de l’art et d’archéologie de la Sorbonne est le fruit d’une histoire mouvementée qui plonge ses racines dans le vieil institut d’art et d’archéologie de la Sorbonne (1928) fondé par H. Focillon, un des plus célèbres historiens de l’art de son temps. Pierre Demargne (1903-2000) en fut le dernier directeur avant que l’institut ne soit divisé entre Paris I et Paris IV. Demargne était un spécialiste de la Crète protohistorique mais il s’intéressait aussi à la sculpture grecque ; il publia en effet le fameux « monument des Néréides » de Xanthos. Il a contribué à ouvrir l’archéologie classique vers la protohistoire, comme il s’est interrogé, dans la tradition de Focillon, sur les rapports entre les formes et les œuvres. Jean Deshayes (1924-1979), professeur d’archéologie orientale, a été le premier directeur de l’UFR d’histoire de l’art et archéologie de Paris I. Il a mené d’importantes fouilles en Grèce et en Iran et fut le promoteur de méthodes de fouilles et de conservation modernes. Roland Martin (1912-1997) succéda à P. Demargne à la chaire d’archéologie classique. Il s’est imposé comme l’un des meilleurs spécialistes de l’architecture de la Grèce ancienne et a dirigé l’Institut d’architecture antique du CNRS. Après lui Jean-Marcadé (1920-2012) était un spécialiste de sculpture grecque qui renouvela les études déliennes ; sa réputation de connaisseur allait bien au-delà des frontières. Francis Croissant (1935-2019) était aussi un fin connaisseur de sculpture archaïque et classique qui renouvela l’approche typologique des œuvres. Il fut aussi un homme de terrain qui se consacra à l’étude de la ville d’Argos. Bien d’autres savants comme Ernest Will (1913-1997) et Jean-Marie Dentzer (1935-2020), spécialistes du Proche-Orient, ont contribué à la réputation internationale de l’UFR. Parmi eux l’archéologue tchèque Bohumil Soudsky (1922-1976) a inauguré la première chaire de protohistoire à Paris et contribué à un renouvellement profond de l’étude du Néolithique. Il fut l’un des premiers archéologues à utiliser des moyens informatiques et à développer une technique de fouilles qui utilise les engins mécaniques.

Spécialiste de la sculpture romane en Italie, René Jullian (1903-1992) fut professeur d’histoire de l’art à Lyon et directeur du musée des Beaux-Arts de cette ville. Devenu professeur à la Sorbonne, il opta en 1970 pour Paris I et contribua ainsi de façon décisive à la fondation de l’UFR. Il fut le principal acteur du développement de l’histoire de l’art à Paris I pour les périodes moderne et contemporaine.

Marc Le Bot (1921-2001) occupa la chaire d’histoire de l’art contemporain et s’intéressa à toutes les facettes de l’art de cette période. Il entretint un dialogue fécond avec un grand nombre d’artistes. Il fit rentrer l’art le plus contemporain dans l’enseignement supérieur et fut aussi par ailleurs un écrivain reconnu.

Jacques Goimard (1934-2012) fut le créateur de l’enseignement de l’histoire du cinéma à l’UFR 03. Son intérêt pour la science-fiction le conduisit à fonder un enseignement de cette spécialité qu’il menait de pair avec un travail de critique littéraire et artistique.

Léon Pressouyre (1935-2004) a fondé l’enseignement de l’archéologie et de l’histoire de l’art médiévale à Paris I. Homme de terrain, célèbre par ses découvertes de Notre-Dame En- Vaux, il s’est consacré à des questions à la croisée de l’histoire de l’art et de l’archéologie. Il a été vice-président de l’université et conseiller auprès de l’Unesco.

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